Acteurs:
Nicole Garcia: Irina Nikolaievna (Arkadina)
Ophelia Kolb: Mina (Mikhaïlovna Zaretchnaia) La Mouette
Agnès Pontier: Macha
Brigitte Roüan: Paulina
Eric Berger: Semion Semionovitch
Magne-Harvard Brekke: Boris Alexeievitch
Jan Hammenecker: Ilia Afanassieitch
Michel Hermon: Piotr Nikolaievitch (Sorine), frère d’ Arkadina
Manuel Le Lièvre: Constantin Gavrilovitch (fils de Arkadina)
Stéphane Roger: Evgueni Sergueievitch
Costumes: Catherine et Sarah Leterrier
Lumières: Roberto Venturi
La Mouette est la première des quatre pièces les plus connues d’Anton Tchekhov (Oncle Vania, Les Trois Soeurs, La Cerisaie). Pièce emblématique, elle fut en 1896, lors de la première à Saint-Pétersbourg un four. Tolstoï la considéra comme une « absurdité sans valeur écrite ».
L’ action:
Elle se déroule dans la campagne dans la propriété de Sorine. Sa soeur Arkadina, une actrice connue, y séjourne avec son amant Trigorine, un auteur à la mode. Elle méprise le travail de son fils Constantin, jeune écrivain d’avant-garde. Et puis, il y a Nina qui aspire à être actrice et vient jouer la pièce inédite de ce dernier.
Il y a bien sûr de l’amour, non réciproque bien évidemment.
Arkadina aime Boris qui flirte avec Nina. Constantin aime Nina qui n’a d’yeux que pour Boris. Macha éprouve des sentiments pour Constantin qui pense à Nina et finit par se marier avec Semion Semionovitch, instituteur. Cela finit bien sûr par un malheur. Sous la banalité quotidienne se cachent de grandes figures mythiques comme Nina que l’ on peut comparer à Ophélie.
Les thèmes:
L’autodestruction: Peut-on être heureux? Avec cette question effroyable: « Qu’ avons-nous fait de notre vie? De nos premières promesses? On étouffe donc dans le moment présent.
Le rapport mère- fils: Comment se construire quand on est rabaissés par sa mère?
La littérature: Qu’est-ce que la littérature? Un homme de lettres (Ce que Piotr Nikolaievitch a toujours rêvé d’ être)? Le théâtre (Le théâtre d’ avant-garde ou celui établi?). L’ oeuvre aborde le problème du statut des artistes et de l’art et surtout de l’art théâtral. Les influences françaises sont présentes (comme souvent au XIXes) avec des références à Zola, Maupassant, et La Dame aux camélias.
La mort:
L’inéluctable contre laquelle essaie de lutter Piotr Nikolaievitch, l’âge avançant, alors que le médecin, Evgueni Sergueievitch, lui dit que c’est normal et qu’il ne comprend pas pourquoi il ne veut pas mourir. Lui, il vivrait bien deux ans de plus… Cela se traduit aussi par la recherche de la jeunesse comme Arkadina qui rappelle régulièrement qu’elle ne « fait pas son âge » comme si elle luttait contre ce présent qui étouffe. Elle « ne lâche rien » comme elle dit. Il faut garder le contrôle jusqu’ au bout. Et puis, bien sûr, la mort sous la forme du suicide, non montré mais annoncé à la toute fin comme sentence et unique solution.
Mon avis:
La mise en scène, les costumes et les lumières sont adaptées. Quelques comédiens sortent du lot comme Nicole Gracia parfaite en maîtresse-femme. Michel Hermon et Stéphane Roger « sonnaiet juste ». Quant à Ophelia Kolb, elle a su avoir la force et la fragilité nécessaires au rôle. Les comédiens ont monté en régime au fur et mesure de la pièce et il est regrettable que quelques répliques intéressantes et fortes aient été un peu négligées et vite « avalées ». Il faut, peut-être, être russe pour jouer une pièce russe avec tout ce que cela implique comme excès, affect et rapport à la mort.
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